Enseignement du Seigneur Balarama, émanation plénière de Krishna.
La société des hommes est telle que, selon les règles du combat, un frère peut se transformer en un ennemi. Considérer un être en le classant comme neutre, ami ou ennemi, c'est ordinairement le fait d'hommes dont le concept de l'existence est centré sur le corps, et qui sont égarés par l'énergie illusoire du Seigneur Suprême.
L'âme spirituelle garde la pureté de sa nature quelque soit l'incarcération de la matière dans laquelle elle se trouve, mais la vision des hommes à l'intelligence limitée s'arrête aux corps, aux désignations distinctives, animaux et être humains, lettrés et illettrés, riches et pauvres, et ainsi de suite, qui couvrent l'âme spirituelle pure. Ces distinctions, qui ne touchent que le corps, ressemblent à celles par lesquelles on divise le feu selon les combustibles qu'il consume. Peu importe la forme et le calibre du combustible utilisé, ils n'auront aucune influence sur la taille et la forme des flammes qu'ils alimentent. De même, et comme le ciel, l'âme ne change jamais en taille ou en forme.
Le corps fait partie de la manifestation matérielle. L'être vivant, ou l'âme spirituelle, quand il entre au contact de la matière, poussé par les plaisirs illusoires qu'il éprouve, se réincarne de corps en corps, c'est ce que l'on appelle l'existence matérielle. Ce contact de l'être avec la manifestation matérielle ne peut être qualifié ni d'assimilation ni de séparation. L'âme spirituelle est assurément la cause de ce corps matériel, comme le soleil est cause de sa lumière, de la vue et des formes de la manifestation matérielle. Cet exemple du soleil et de la manifestation matérielle se prête parfaitement à illustrer, pour la faire comprendre, la nature du contact des êtres vivants avec l'univers matériel.
Le matin, le soleil se lève et chaleur et lumière croissent peu à peu. Du soleil résulte la production de toutes formes matérielles. Par le soleil encore se font l'intégration et la désintégration des éléments matériels. Mais aussitôt que le soleil se couche, la manifestation qu'il a causée perd contact avec lui, passant d'un lieu à un autre. Lorsque le soleil passe de l'hémisphère oriental à l'hémisphère occidental, son action dans le premier demeure, bien qu'il ne soit plus visible que dans le second. De même, l'être vivant accepte, ou produit des corps différents et, en diverses circonstances, différentes relations axées sur le corps. Mais aussitôt qu'il abandonne son premier corps pour en revêtir un second, il n'a plus aucun lien avec la dépouille abandonnée, pas plus qu'avec le corps qui doit succéder à celui qu'il vient de revêtir. L'être vivant ne cesse d'être libre du contact avec la souillure matérielle, avec le corps. Ainsi, l'apparition et la disparition du corps ne touchent pas l'être vivant, l'âme.